Philosophie du cercle
Comme l’a si bien dit l’historien et philosophe George E. Sioui, les Wendat sont une société du Cercle. La conception circulaire du monde est celle où tous les êtres qui le composent sont égaux et interdépendants les uns des autres, où les humains sont une des formes de vie qui participent à cette unité harmonieuse.
À force de vivre en symbiose avec tous ses habitants: végétaux, animaux etc, des liens de réciprocité se tissent. Les coutumes et savoirs traditionnels témoignent de la patience de ces longues relations avec le monde naturel. Ainsi, nous dansons dans le sens anti-horaire comme la rotation de la terre et la montée des haricots.
Cette vision est imbriquée dans la langue wendat quand on dit : « j’ai rattrapé tant de fois le jour de ma naissance ». On voit se dessiner les cycles saisonniers qu’on a traversé. Le cercle c’est aussi reconnaître que tout revient lune après lune: la verdure, les fruits, les migrations d’oiseaux, les récoltes, la mort, les naissances.
Le mythe de la création wendat
Il y a très longtemps, les ancêtres des Wendat vivaient dans le Monde-Ciel. Un jour, une Femme, Yäa’tayenhtsihk cherchait un remède près des racines de l’Arbre de vie, quand elle tomba vers le Monde-Océan.
Protégée de sa chute par deux oies, elle survécut grâce à la bienveillance du Conseil des Animaux.
Après quelques plongées périlleuses des animaux, la terre tombée du ciel est ramenée du fond des eaux et étendue sur la carapace de Grande Tortue. Elle devient alors la Grande Île.
Petite Tortue créera le soleil, la lune et les étoiles. Yäa’tayenhtsihk aura une fille qui aura des jumeaux aux esprits contraires. Entre chaos et harmonie, Ils créeront le monde tel qu’on le connaît sur l’île. Au terme d’un duel, Iouske’a, le jumeau de l’ordre, l’emporte sur Tawihskaron’, celui du chaos. Il termine ainsi le cycle de la création en façonnant et insufflant la vie aux humains à qui il enseigne à bien vivre.
Sur le dos de Grande Tortue
L’Île de la Grande Tortue est le nom qu’on donne aujourd’hui à l’Amérique du Nord.
D’autres mythes d’origine incluent aussi la notion de l’île de la Tortue. Elle est partagée par plusieurs autres Premières Nations de ce territoire.
Le matricentrisme
Les femmes sont au centre de notre société et la maison longue en est la représentation. Yänonhchia’, c’est le lieu des femmes, celui du feu de la transmission culturelle dont elles sont les gardiennes. Elles dirigent et organisent la vie sociale, préparent et transforment les matières nécessaires à la vie et aux échanges. Quand la nuit vient, aux temps froids, on danse, on joue, on rit, on se rassemble autour des feux et les récits contés par les aînés se mêlent aux chants des berceuses.
Les clans
Comme dans le mythe de la création, les animaux occupent une place importante pour nous et ils sont représentés dans les clans familiaux. C’est une façon de leur rendre hommage. Dans notre société matricentriste, c’est la mère qui transmet le clan à ses enfants un peu comme un nom de famille qu’ils gardent toute leur vie. On a donc un seul clan par maison longue et les hommes vont vivre dans celle de leur épouse.
L’importance du clan est telle que les tantes maternelles sont aussi appelées « maman ».
Aujourd’hui il ne reste que les descendants de quatre clans à Wendake : Chevreuil, Tortue, Ours, Loup, mais il fut un temps où il y avait entre autres : Porc-épic, Castor, pervier, Serpent.
Canada vient du mot Yändata’. Les villages étaient situés près d’un escarpement et aménagés près d’un cours d’eau et de terres arables facilitant les déplacements et permettant l’agriculture. Les palissades, elles, offraient une protection.
Les 3 sœurs
On appelle les trois sœurs, le maïs, les courges et les haricots semés ensemble sur de petites buttes de terre. Leur nom provient de leur travail d’équipe car, cultivées en trio, l’une permet à l’autre les conditions idéales de croissance. C’est ce qu’on appelle la permaculture. Les femmes semaient aussi le tournesol.
Les gardiens de la paix
Cet exemple de compagnonnage ressemble aux innombrables alliances et protections réciproques entretenues par les hommes dans leurs échanges commerciaux avec plusieurs nations pour veiller au maintien de la paix et au bien-être du peuple. Les hommes cultivaien le tabac qui servait entre autres aux offrandes et rituels dont celui de la préparatio de l’esprit pour voir clair lorsqu’ils devaient déclarer la guerre.
Les Wampums
Les objets qui servaient de support de mémoire pour valider les relations diplomatiques s’appellent colliers de wampum. Ce sont des rangées de perles de coquillages mauves et blancs tissées sur des cordes ou tendons formant des motifs pour appuyer les paroles des orateurs ou diplomates ou conclure une entente. Ils servaient aussi à conclure des alliances militaires et ou commerciales, souligner ou commémorer des événements marquants et même à déclarer une guerre.
Les remerciements à la Création
Bien qu’il y ait eu certaines interruptions dans la transmission de notre culture et de nos coutumes, nous n’avons jamais cessé d’être reconnaissants.
Nous nous remercions comme peuple, puis nous remercions la terre, les eaux, les poissons, les plantes médicinales et nourricières, les petits fruits, les arbres, les animaux, les oiseaux, les vents, le tonnerre, les astres, les guides et le Créateur.
Notre calendrier rituel suit les cycles des saisons et nous nous réunissons pour rendre grâce en faisant brûler le tabac qu’on cultive, en chantant, dansant et en partageant un repas.
Langue wendat
Cinq mots en langue wendat s’illuminent dans le tableau des lanternes pour illustrer ces relations et souligner notre fierté de retrouver notre langue ancestrale après des années de dormance.
Awen’- L’eau
Onhwentsa’- Le monde
Yarha’- La forêt
Yentsonh – Les poissons
Yaronhia’- Le ciel
Après plusieurs efforts de revitalisation linguistique, notre Nation Wendat fait renaître et rayonner onywawenda’, notre langue, avec la formation d’enseignants qui la transmettent, ainsi que des outils pédagogiques et technologiques.
Responsabilités
Nous sommes intimement liés au monde du vivant sous toutes ses formes et ces remerciements nous rappellent nos responsabilités envers la vie. Devoirs d’humilité, de respect, d’amour, de générosité, de protection et de conservation. Ces mots de gratitude sont des encouragements pour que nous puissions avoir une bonne vie aussi longtemps que possible.
Les fraises et l’artisanat
La fraise a une grande importance pour nous puisqu’elle est le premier petit fruit à mûrir nous indiquant ainsi l’arrivée de l’été. On s’en régale et on célèbre son retour et sa médecine. Les femmes wendat étaient des artisanes de grand talent surtout reconnues aux 18 e et 19 e siècle pour leur broderies au piquant de porc-épic et poil d’orignal teints. Les motifs floraux, de fraises, de courbes et les scènes de la vie courante sont dépeintes sur les vêtements, parures et objets divers. Leur art atteint une grande renommée et les broderies offertes aux dignitaires font la fierté des Wendat. Lawinonkie Marguerite Vincent est désormais reconnue comme personnage historique du Québec pour sa contribution significative à la transmission et à la mise en valeur des savoir-faire traditionnels.
Savoir-faire
Nos ancêtres avaient la connaissance du territoire et parcouraient de grandes distances pour faire voyager la parole, échanger des biens, chasser, pêcher et trapper. Fabricants de canots de cèdre et d’écorce, de raquettes à neige, de filets de pêche, de vannerie, de poteries de mocassins et vêtements parés de broderies, ils ont légué aux générations suivantes l’inspiration à poursuivre en innovant.
Le monde étoilé scintille en nous rappelant d’où nous venons et vers où nous allons. C’est l’immensité du monde qui est convoquée dans cet espace lumineux pour un moment de poésie et de beauté où les rêves prennent forme.
Les pléiades
Bien que presque tous les mots soient féminins en langue wendat, le mot étoile fait exception. Les pléiades sont d’ailleurs appelées: otihwatsira’ où ils sont une famille. Cet amas d’étoiles revient à chaque hiver nous rappeler le début d’un nouveau cycle annuel. Il en est ainsi depuis des millénaires chez les wendat.
L’espoir
“Si l’union des femmes et des hommes forment le cœur et l’esprit de la Nation. Les enfants en sont la pulsation, nos étoiles sour la voûte. L’espoir d’une flamme éternelle ».
Dans nos traditions, les enfants sont considérés comme de futurs ancêtres, des êtres à part entière dont nous devons faciliter l’épanouissement. Notre souhait est qu’ils puissent devenir les grands humains de demain à la mesure du temps et de l’amour qu’on leur accorde. Ils marcheront alors dans leurs propres mocassins tout en étant guidés par les anciens.
“Et nos esprits continueront d’être ainsi
Tho ïohtih”
Collaborations et crédits
Onhwa’ Lumina est le résultat d’une longue et patiente relation de confiance entre les équipes de création de Moment Factory et celles de la Nation Wendat. Cette équipe de talents multidisciplinaires réunis, se rencontrait au moins une fois par semaine pour mettre en commun les visions, échanger et ajuster les contenus etc. Le fruit de ce travail est bien sûr la mise en valeur de notre culture, mais aussi des échanges riches de sens qui se sont toujours tenus dans le plus grand respect. Petit à petit, le Cercle prenait forme et nous en sommes très reconnaissants.
La création de l’expérience Onhwa’ Lumina est le fruit d’une riche collaboration entre Moment Factory et plusieurs membres de la communauté huronne-wendat, dont nous tenons à souligner l’importante contribution :
Andrée Levesque Sioui
Aroussen Isabelle Gros-Louis
Danyka Sioui
Dewatha Gros-Louis
Deyawina Gros-Louis
Gabriel Gros-Louis
Jean-Philippe Thivierge
Keyara Gros-Louis
Linda Sioui
Marcel Godbout
Megan Lukaniec
Michaël Bujold Gros-Louis
Michel Savard Teharihulen
Mireille Gros-Louis
Steeve Gros-Louis
Tiawenhk inenh, merci beaucoup à :
Alain Authier
Christian Laveau
Colombe Bourque
Didier Picard
Feu Éléonore Sioui
Gabriel Savard
Georges E. Sioui
Grand Chef Rémy Vincent
Haskan Sioui
Il Raymond Lesage
Jean Desautels
Jean-Mathieu Sioui
Konrad Sioui
Louis Lesage
Louis-Karl Picard Sioui
Melanie Vincent
Nathalie Vincent Sirois
Steeve Gros-Louis
Yolande Okia Picard
Les artisanes wendat qui ont laissé un riche héritage de broderies. Leur art a eu une influence majeure sur la direction artistique globale du spectacle.
Utilisations d’images d’archives :
Autochtone avec des objets à vendre, Montréal, QC, Musée McCord, 1866. Photographe: William Notman.
Chasse à l’orignal, le retour, Montréal, QC, Musée McCord, 1866. Photographe: William Notman.
Groupe huron-wendat de Wendake (Lorette) à Spencerwood, Québec, QC, 1880. Photographe: Jules-Ernest Livernois.
Huron Alliance Belt, Tonawanda Seneca Custodians, New York State.
Indian girl of the tribe of the Huron ones, Neurdein / Roger-Viollet / Granger.
Madame Paul Picard, née Marguerite Vincent, Musée de la civilisation, photographe :
Nicola-Frank Vachon – Perspective Photo, 2006-986.
Wampum, Musée de la civilisation, collection du Séminaire de Québec, photographe : Idra Labrie – Perspective Photo, 1992.1288.
Wampum, Musée de la civilisation, collection du Séminaire de Québec, photographe : Idra Labrie – Perspective Photo, 1992.1289.
Wampum belt, National Museum of the American Indian, Smithsonian Institution
(Catalog Number 1/2132). Photo by NMAI Photo Services.